La programmation 2018-2019 de LA CHAMBRE BLANCHE a été marquée par des préoccupations esthétiques qui vont de l’intime à l’infiniment grand. Pour la première partie de la programmation, Michela Mariani et Anna Mitjà Comas explorent la représentation de soi dans la photographie et le cinéma. Pour la seconde partie, Amélie Laurence Fortin et le duo formé de Louis-Robert Bouchard et Franck Soudan s’intéressent plutôt aux domaines des sciences et des technologies. LA CHAMBRE BLANCHE a invité l’autrice Julie Théberge à réfléchir sur la production des artistes en résidence pendant cette période.
Pour la résidence de Michela Mariani, Théberge souligne le travail de collection qu’a entamé l’artiste italienne en recueillant des selfies ou des moments d’intimités sur les comptes Instagram d’usagers provenant de la ville de Québec. Ces manipulations de l’image de soi et du quotidien permettent d’interroger ce qui est en montre sur les réseaux sociaux.
Après les archives photographiques, la Catalane Anna Mitjà Comas présente un travail cinématographique. Pour sa résidence, Mitjà a produit plusieurs itérations de son travail filmique présentées sous forme d’un laboratoire exploratoire sur la projection, l’impression 3D et la découpe numérique. Les expérimentations qu’elle a développées à l’aide de la machinerie assistée par ordinateur ont été élaborées à partir de son film Les Pedres/Stones. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte est un thème important dans la recherche de l’artiste tant sur le plan cinématographique que dans ses explorations plastiques.
Par la suite, c’est le travail d’Amélie Laurence Fortin qui occupe la galerie. Étant fascinée par le rapport entre l’humain et le cosmos, Fortin explore les concepts scientifiques tels que la gravité, la vibration, la diffraction et le mouvement. En 2017, l’artiste fait partie d’une expédition réunissant scientifiques et artistes en route vers l’Arctique. Les recherches qu’elle a entreprises lors de cette expédition lui ont permis d’acquérir un matériel audio et visuel qui a été utilisé pour sa résidence. Plus particulièrement, son travail sonore fait référence aux investigations qu’elle a entreprises sur les phénomènes physiques présents dans l’univers. Entre l’Arctique et le cosmos, un dialogue s’installe et nous amène à une dimension grandiose qui transforme notre rapport au temps et à l’espace.
Enfin, le duo formé de Louis-Robert Bouchard et de Franck Soudan a produit une machine inspirée du télégraphe de Sömmering pour générer des poèmes issus de la base de données Gutenberg en libre accès. D’une part, l’immatérialité de ce projet est présentée sous forme d’une logique combinatoire permettant une sélection de textes poétiques. D’une autre part, l’information inscrite sur papier nous interroge sur l’aspect sensible et éphémère de l’information. Ce rapport à la littérature numérique et au texte imprimé promeut une nostalgie et un romantisme de la poésie exprimé par le dispositif.