En 2008-2009, les thèmes semblent s’interpeller d’une résidence à l’autre, quoique dans des registres fort différents : il est question de musique, de déplacement, de trace et de couleur. Erick d’Orion nous entraîne d’abord dans le déroutant parcours de sa Forêt d’Ifs, une expérience sonore et visuelle «hyperfluxienne». Le lieu assourdissant, visuellement angoissant, relève davantage du cauchemar que de la rêverie.
C’est au contraire la sensibilité et le raffinement du geste de Mamoru Okuno qui inclinent notre oreille vers la musique toute simple de notre quotidien. À travers des rituels relationnistes, l’artiste manipule des objets banals de la vie courante sur lesquels il attire notre attention afin de nous en faire entendre le langage.
À la fois méditative et ouverte sur le lieu, à la fois physique et métaphysique, l’œuvre de James Geurts est traversée par la fluidité et l’éphémérité de ses dispositifs et de ses formes qui sont des récits à propos du voyage, de l’eau et de rencontres humaines générées par l’espace de l’art.
C’est encore de déplacement, mais d’une autre nature qu’il est question dans The Unfinished Tour Québec City. Ici, c’est le déplacement de Gabriela Vainsencher en relation avec l’art de l’Autre et son milieu de résidence, mais aussi le déplacement de points de vue sur ou grâce à ses dessins, que l’on peut envisager comme des «projections illusionnistes» ou des traces de son expérience laissées sur le monde extérieur. D’autres traces nous sont offertes par Antonello Curcio À hauteur du regard. Son installation célèbre la matérialité du blanc et ses modulations. Un algorithme se déploie sur les murs en convoquant l’espace entier de la galerie : tantôt tridimensionnels, tantôt bidimensionnels, ses carrés monochromes se succèdent, résultat de minutieuses interventions de grattage, d’incisions, d’applications de pigment et de graphite.
Cette fois par la pulsion énergique du rouge, c’est encore de vibration de la couleur dont il est encore question avec Flow de Robbin Deyo. Lignes rouges sur fond blanc se poursuivent en inspirant et en expirant sur les murs, jusqu’à l’hallucination.