Archives mensuelles : octobre 2005

L’Image et l’Errant

«Par architecture, je n’entends pas seulement l’image visible de la ville et l’ensemble de ses architectures. Il s’agit plutôt ici de l’architecture comme construction; je veux parler de la construction de la ville dans le temps.»1

crédit photo : Alfonso Arzapalo

crédit photo : Alfonso Arzapalo

L’œuvre Déjà fait d’Alfonso Arzapalo propose, par une image synchronique (une image constituée d’événements simultanés), de faire l’expérience d’une œuvre déjà-là mais toujours en transformation. Dans ce travail, la réalité d’un lieu photographié et la photographie de ce même lieu sont présentées au même moment, sur différents plans du site de la prise de vue. L’artiste a élaboré un parcours dans la ville ponctué par des fragments photographiques. Ainsi, des photographies agissent simultanément dans des endroits spécifiques de la ville. Arzapalo accorde une attention particulière à l’architecture dans son œuvre, ce qui accentue la relation entre la mémoire individuelle de notre expérience et la mémoire collective des monuments laissés par l’histoire.

Parcourir la trace

Dans le parcours que nous propose Arzapalo, je me suis d’abord rendu au parc des Champs-de-Bataille près de la Citadelle de Québec.

Arrivé à cet endroit, je remarque un objet qui se tient dans le paysage, un rectangle sur une tige métallique. Je m’en approche et je vois sur une de ses faces les maisons situées dans la rue Saint-Denis, derrière l’objet. Étrange impression de similarité et de différence entre les plans. Légères nuances entre les luminosités. Je me déplace autour de la photo. Suivant la série d’habitations, le point de vue s’ouvre sur l’étendue du fleuve Saint-Laurent et la rive sud, puis sur la Citadelle qui donne par la suite sur une vue en plongée de la ville, et finalement, retour aux habitations et à la photo placée en face de moi. Je la regarde à nouveau, un homme et une femme passent, puis je me rends à la prochaine halte.

Cet endroit offre un point de vue stratégique sur le fleuve et les environs, d’où la présence de la Citadelle construite deux siècles auparavant sur les hauteurs du cap aux Diamants pour servir à la défense de la ville. À cet endroit, Arzapalo a photographié une série de demeures néo-classiques sises rue Saint-Denis. La photographie plantée dans le gazon installe une relation directe avec le sujet photographié. Ainsi, le fragment photographique s’ouvre à son environnement dans un parallélisme entre les temporalités. Le présent coexiste avec le passé, le fragment avec la totalité, et l’instant avec la durée de l’expérience du parcours dans le tissu urbain.

L’artiste nous confronte à une photographie conceptuelle qui oscille entre la photo du site, le site lui-même et le trajet qui relie les différents points. Il propose une expérience qui prend place entre le photographique, le «performatif», l’architectural, alors qu’il se sert de la photographie comme lieu temporel pour mettre l’accent sur des fragments d’architecture dans un parcours à l’intérieur de la cité. L’œuvre existe déjà. Arzapalo marque des places et propose des haltes. Son parcours devient nôtre. Chacun des fragments photographiques fait face à la totalité qui a été photographiée et renvoie au déplacement qui les contient. Son attention accrue à l’espace urbain nous est transférée et nous entraîne à imaginer le lieu que nous habitons.

La spécificité du site et la disposition spatiale de chaque photographie influencent notre relation avec celle-ci en tant qu’objet. La photo dans le parc des Champs-de-Bataille engendre une relation circulaire et la tige d’acier agit comme un pivot dans le paysage alors que la photographie disposée à la place d’Youville installe un rapport frontal par une accumulation de couches successives. Chez Alfonso Arzapalo, l’image se construit dans la relation entre la photographie, le lieu photographié, le parcours, cela pour donner à vivre une expérience différente de la photographie. Ainsi, ses photographies idéelles et son attention accrue au tissu urbain engendrent une intensification du quotidien. Par le trajet, il insère en l’instant photographique une durée dans laquelle l’image se transforme. Il travaille avec l’idée de paysage alors que s’effectue un déportement d’une place vers une autre dans le parcours proposé. Le souvenir du lieu visité dure et persiste dans le suivant. Le paysage se fixe dans la photographie mais se transforme continuellement dans le réel et dans la mémoire. De cette manière, la marque qu’est le paysage agit comme l’effacement du support et procure un dépaysement. Temps, mouvement, durée… Voir l’intervention urbaine réalisée par les habitants comme élément constitutif de l’œuvre. Penser le document de l’action éphémère car ce qui reste est dans le document et dans la mémoire comme une intention de briser les limites entre le milieu artistique et le milieu de vie afin qu’ils cohabitent.

Je poursuis ma marche. Au détour d’une artère, je rencontre à nouveau une photographie perchée sur une tige d’acier. Plantée dans un gazon vert, elle borde un mur de pierres grises qui découpent un ciel bleu. Je réfléchis. Ma mémoire me joue un tour. Les temporalités se sont mélangées. Maintenant je me souviens, le gazon vert réside dans la photo. Le sol est plutôt recouvert de neige. Ce jour-là, le ciel gris pâle, le mur gris foncé et le sol blanc suggèrent davantage une photo noir et blanc. Ainsi, lors de mon passage, cette photographie couleur s’inscrit dans un environnement noir et blanc et renvoie à la journée ensoleillée et chaude de sa prise de vue. Fragment du mur qu’elle représente, elle projette la matérialité de cette pierre et l’âge de ce mur servant de fortification dont la construction a débuté dès 1608.

Ainsi, Arzapalo élabore un dispositif qui révèle une temporalité de l’errance dans une sédimentation de couches de temps. Cette accumulation se trouve concrètement dans la présentation de la photographie sur le site de sa prise de vue et virtuellement dans le trajet où nous construisons l’image. L’errance dans la ville inscrit la photographie dans une durée qui donne à l’image la possibilité de se construire dans le temps. Ce rapport intime avec les emplacements au cœur de la ville et les morceaux d’architecture révèle une histoire. Le passé collectif rejoint le présent individuel de l’expérience. L’image se façonne à partir d’une trame de souvenirs personnels et collectifs. L’errance dans la cité devient le lieu de l’événement qui expose l’architecture de l’image et permet au visiteur de l’habiter pour rencontrer son temps. Là, il y a accès à la structure métaphorique de l’image.

À la fin de la pérégrination proposée par l’artiste, je me trouve dans une chambre blanche, dans un espace vide où tout peut se produire. En quelque sorte, l’aire devient une métaphore de mon expérience face à l’œuvre et de mon intériorité. Peu d’éléments composent l’espace: des volumes aux murs blancs et aux planchers en contreplaqué, une poutre et une colonne de bois. Il n’y a rien et tout est là. Je prends conscience de moi-même dans ce lieu, de ma verticalité par rapport aux axes, de la transformation de la spatialité en relation avec mon déplacement. Puis, j’aperçois une photographie accrochée à un mur de la salle d’exposition. Elle redouble le lieu et accentue la conscience de mon positionnement dans cet espace. La chambre est vide dans la photo mais se remplit de présence lorsque je me tiens devant mon absence. Maintenant, j’habite ce lieu qui m’offre une sensation de temps et je deviens la différence.

L’œuvre d’Alfonso Arzapalo nous met face à notre durée.

Le temps nous entoure de toute part.

  1. Rossi, Aldo. 1990, L’Architecture de la ville. Traduction de Françoise Brun, Paris: Éditions Livre & communication. p. 7.

Verstrijken

De Duchamp à Korzybski, de Magritte à Heidegger, plusieurs artistes et penseurs du XXe siècle ont voulu démontrer qu’il est réducteur d’attribuer aux choses des définitions fixes. Lorsqu’une pipe est peinte sur de la toile, elle devient peinture. Lorsqu’un urinoir est titré, signé, puis exposé dans une salle de musée, il prend le statut d’œuvre d’art. Chaque chose possède, selon le contexte dans lequel elle se place, de multiples définitions possibles. Ainsi, le travail de l’artiste néerlandais William Engelen, à la croisée des arts visuels, de l’architecture et de la musique, consiste à déplacer la charge sémantique de diverses structures en les «recontextualisant». Grâce à la maquette, une architecture deviendra installation; par le truchement d’une légende, une calligraphie deviendra notation musicale. Les structures utilisées par Engelen proviennent généralement de substrats eux-mêmes tirés de sa vie quotidienne: calligraphies d’un livre de sa bibliothèque, électrorétinogramme de son œil droit, journal de bord d’un séjour dans une ville étrangère, etc. Ces substrats, en plus d’être parties prenantes de l’œuvre, servent de sources d’extrapolations, de «noyaux» au sein d’une démarche multidisciplinaire. Par exemple, certains vers écrits en arabe dans Le livre de Suleika, ainsi que la représentation graphique des réponses électriques de la rétine de l’artiste à des stimulations lumineuses (électrorétinogramme), sont des structures visuelles ayant été chargées d’un système symbolique les transmutant en indications musicales. Ces indications musicales, neumatiques1, ont donné lieu en 2003 aux œuvres Suleika et Augenblick. Ces œuvres, pourrait-on dire, sont des parcours sonores formés par des structures visuelles.

crédit photo: Ivan Binet

crédit photo: Ivan Binet

Dès les premiers jours de sa résidence in situ à LA CHAMBRE BLANCHE, Engelen a accroché, sur deux murs se faisant face, deux versions de son œuvre Augenblick. La première fut reproduite en argile, la seconde imprimée sur papier. Dans cette œuvre, Engelen avait utilisé les 61 graphiques de l’examen d’optométrie mentionné plus haut (l’électrorétinogramme). Chacun de ces graphiques est devenu un neume devant suggérer à un tromboniste un profil mélodique. L’axe vertical du plan représente le registre sonore de l’instrument (haut/bas = aigu/grave) et l’axe horizontal, le déroulement du temps (donc le comportement rythmique). L’artiste a ajouté à cela des variations d’épaisseur dans le tracé des graphiques, de manière à indiquer au tromboniste des variations de volume. L’artiste a également indiqué, sous chacun des graphiques, une manière de voir le monde, par exemple happy, crazy, desireful.

Ces manières de voir le monde indiquent au tromboniste l’état d’esprit dans lequel il doit jouer le trait. Ayant défini ce système, Engelen a enregistré une version de ces 61 traits de trombone, qui lui ont servi d’échantillons pour réaliser un montage en studio. Si la première version de l’aspect visuel de l’œuvre, en argile, insistait sur les 61 graphiques, la seconde, imprimée sur papier, représentait sous forme de tableau ce montage sonore. Un système de son placé à proximité permettait aux visiteurs de LA CHAMBRE BLANCHE qui le souhaitaient, d’écouter la dimension sonore de l’œuvre. Augenblick est typique de la démarche d’Engelen. Partant d’un élément qui lui sert de matrice, l’artiste effectue une sorte de «télescopage» des dérivés possibles de celle-ci. Ainsi, aux graphiques représentant les réponses électriques de sa rétine à des stimulations lumineuses, s’ajoute une couche sémantique: les symboles optiques deviennent aussi des symboles musicaux. D’autre part, le thème de l’œil devient un champ métaphorique, puisqu’à chaque graphique est associée une vision du monde. À leur tour, ces visions du monde deviennent des indications musicales. Le spectateur se trouve donc à circuler dans une sorte de réseau dont le visuel, le sonore, l’anecdote et l’art constituent la grille.

crédit photo: Ivan Binet

crédit photo: Ivan Binet

Mais le véritable cheval de bataille de cette résidence était les deux Verstrijken. Verstrijken est un mot qui, en néerlandais, peut désigner le temps qui passe ou une pièce mal jouée. Le projet d’Engelen était d’écrire deux œuvres musicales dont la structure serait calquée sur un journal de bord. Il s’agit donc, ici, d’un substrat autobiographique. Certes, nous vivons à une époque dans laquelle l’autobiographie, l’auto-fiction, voire la confession, occupent une place prépondérante. Mais la dimension autobiographique du projet d’Engelen, en filigrane de son rôle structurant, s’en tenait à l’anecdote et au ludisme.

Pour son Verstrijken pour violon solo, Engelen a tenu un journal, depuis son arrivée à Québec, le 10 octobre à 19 heures, jusqu’à la création de l’œuvre, le 11 novembre à 20 heures. À partir de ce journal, il a élaboré une partition graphique, à même le mur. Au début de la partition, était inscrit: «I arrived in Quebec City on the 10th of October 2005, from that point Verstrijken starts» et, à la fin: «Start of the concert at LA CHAMBRE BLANCHE on 11th of November 2005». Cette partition était constituée de cases temporelles de diverses couleurs. D’après la légende que l’on pouvait consulter sur le mur, ces couleurs représentaient quatre catégories d’activités: bleu, sleeping; rouge, eating; jaune, working; vert, free time. À ces couleurs correspondaient certaines sonorités récurrentes: les cases bleues étaient surtout constituées de sons tenus, les cases rouges de pizzicati (cordes pincées), les cases jaunes de frottements de l’archet et de profils mélodiques, les cases vertes d’effets de rebondissements de l’archet et de pastiches. Pour chacune des cases étaient indiqués, en bas, les jours et les heures correspondants et, en haut, le minutage de l’œuvre. En effet, le journal d’Engelen, couvrant environ un mois, a été mis à l’échelle de quatre secondes de musique pour chaque heure de la journée. Ainsi, l’œuvre durait 51 min 20 s. Nous pouvions donc lire, sur la partition, que le 14e jour de son arrivée, à 2 h 30, soit à 19 min 42 s de l’œuvre, Engelen n’avait eu «no problem to sleep after all those beers.» Cet exemple illustre bien le côté anecdotique et ludique de l’aspect autobiographique de la démarche (il s’agit d’un Je beaucoup moins «engagé» que, par exemple, le Je romantique…). À l’intérieur des cases temporelles se trouvaient diverses indications adressées au violoniste. Certaines étaient neumatiques (un pizzicato suivi d’un vibrato était noté par un point suivi d’un zigzag), d’autres textuelles («play fading tones», «different pressure on bow»). Se trouvaient aussi des indications appartenant à la tradition de la musique classique occidentale, comme «un poco agitato». Le nom d’un compositeur pouvait indiquer de le pasticher («Ligeti»). À certains moments, nous pouvions lire des extraits du journal (dans une case vert: «walking on Mount Royal», dans une case jaune: «pasting letters on the wall»). Le soir du concert, l’interprète, le violoniste Clemens Merkel, avait une copie réduite de la partition. Derrière lui, sur le mur, se trouvait la grande partition que pouvait suivre le public. Ce système de notation n’incluant aucune hauteur ni aucun rythme précis, mais plutôt la cartographie globale d’un parcours morphologique, il faut souligner l’importance de la participation de Merkel à ce Verstrijken pour violon solo.

Le même système ou presque était utilisé pour le Verstrijken pour trio à cordes. Or, cette fois, ce sont les trois interprètes (Caroline Béchard, Anne Morier et Suzanne Villeneuve, du Quatuor Cartier), qui ont dû tenir un journal de bord, et ce, pendant une semaine. Évidemment, leur journal incluait beaucoup d’heures de répétitions, consacrées aux œuvres de nombreux compositeurs, tels Haendel, Puccini et Gougeon. Ainsi, ce Verstrijken contenait plusieurs citations, que les musiciennes ont dû choisir, mettre en place et mémoriser (les citations étaient indiquées seulement par le titre ou le compositeur, par exemple Madame Butterfly ou Gougeon). Il faut, ici encore, souligner l’apport considérable des interprètes. Pour cette œuvre beaucoup plus courte 8 min 24 s, le public n’avait pas la partition devant les yeux pendant l’interprétation. Par contre, un extrait de cette partition était accroché sur un mur dans l’entrée de la salle.

crédit photo: Ivan Binet

crédit photo: Ivan Binet

Cette idée de successions de cases temporelles, dont les sonorités laissent percevoir des catégories assez typées, peut rappeler l’œuvre Momente (1962-1969) de Karlheinz Stockhausen. Dans cette œuvre, dont la partition est parfois constituée de cases contenant des dessins qui représentent le son, Stockhausen a exploré sa théorie des Momentform, c’est-à-dire des formes sculptant le temps à partir de certains comportements sonores typés et alternant selon diverses juxtapositions et plages de durée (le chef, à partir de certaines règles, peut choisir lui-même le schéma formel). Mais c’est surtout à certaines œuvres de John Cage que cette approche fait penser. Pensons par exemple à Roaratorio: an Irish Circus on Finnegans Wake (1979). Dans cette œuvre, Cage lisait à haute voix le roman de James Joyce Finnegans Wake, pendant que des musiciens interprétaient du folklore irlandais et que des haut-parleurs diffusaient, au hasard, 2293 bruits et noms de lieux mentionnés dans le livre (ces 2293 échantillons, préenregistrés par Cage, étaient distribués aléatoirement par un système informatique). Cette œuvre utilise, comme le fait Engelen, un substrat (ici, le roman de Joyce) duquel sont extraites des possibilités sonores. Il s’agit également d’une approche essentiellement conceptuelle de la composition, éloignée de l’écriture et de l’artisanat traditionnels (solfège, orchestration, harmonie, par exemple). Les œuvres mentionnées de Stockhausen et de Cage utilisent une part de hasard dans la succession des événements sonores, ce qui n’est pas le cas des Verstrijken d’Engelen. Cela dit, le système de notation utilisé par Engelen est plus suggestif qu’exact (surtout au niveau des hauteurs), ce qui implique une approche de la composition «décentralisée», augmentant le rôle créatif joué par l’interprète (Engelen exige des musiciens de très haut calibre). De plus, ce système de notation permet des différences non négligeables d’une version à l’autre. Il est donc possible de parler des Verstrijken comme étant des œuvres ouvertes, bien que cette affirmation ne s’applique pas à tous leurs paramètres.

Le projet Verstrijken de William Engelen a pris forme dans la foulée de plusieurs disciplines (écriture, arts visuels, musique) et de nombreuses problématiques artistiques (art conceptuel, art multidisciplinaire, travail in situ, œuvre ouverte, intertextualité, auto-fiction). À cela, il faut ajouter la place structurante occupée dans ce projet par plusieurs aspects de la vie quotidienne (loisirs, repas, travail, sommeil). Ces deux Verstrijken, comme la plupart des œuvres d’Engelen, créent chez le spectateur des intersections au sein d’un réseau de catégories clairement définies. Ces intersections poussent le percepteur dans une réflexion de nature comparative, pouvant l’amener à reconsidérer ses grilles et ses définitions. Ceci est-il un électrorétinogramme?

  1. Notation neumatique, neumes: Les neumes sont des signes graphiques, renseignant l’interprète sur le profil que doit prendre une mélodie. En Occident, on parle surtout de notation neumatique pour évoquer les premiers manuscrits de chants liturgiques dans certains monastères chrétiens, à partir du IXe siècle. Les neumes n’indiquent aucune hauteur ni aucun rythme précis; à l’origine, ils servaient d’aide-mémoire à des musiciens qui apprenaient par tradition orale. Au cours du XXe siècle, plusieurs compositeurs se sont intéressés à la notation neumatique, élaborant divers systèmes de signes pour représenter des profils mélodiques approximatifs ou, plus souvent, des ornements et des effets bruités, en complément à la portée traditionnelle.