b 34
éditions
la Chambre Blanche
bulletin n°34 - 2010
* . Préface 34.

Préface 34

par Geneviève Gasse

Matière à réflexion

La matérialité, dans son essence et son sens, est au centre des préoccupations des trois artistes présentés dans ce bulletin, qui l’utilisent à des fins de symbolisation. Elle apparaît dans les effets de soustraction et de transformation du bois de l’installation de John Cornu, dont le travail à LA CHAMBRE BLANCHE s’est effectué dans la menuiserie avant de prendre forme dans la galerie. Ses œuvres occupaient deux espaces distincts, dans l’un d’eux, une sculpture qui évoquait l’idée contemporaine de la ruine et de la destruction et dans l’autre se trouvait un hommage au sculpteur Pierre Paquin devenu aveugle, avec qui il discute et échange régulièrement. L’auteure Emma-Charlotte Gobry-Laurencin évoque l’œuvre intitulée Je tuerai le pianiste en nous posant cette question, l’oeuvre serait-elle: «une expression du présent, une réponse à la réalité, un document-témoin participant de cette société du spectacle, une structure indicielle propre à notre époque?» La disparition de la matière est aussi perceptible dans le travail de Sarla Voyer, la deuxième artiste en résidence cet automne. Elle a reproduit sa ville natale, Québec, en utilisant des objets de verres cueillis à différents endroits. Les photographies de l’exposition donnent l’impression qu’il n’y a presque pas de matière ou qu’il s’agit d’une matière floue qui se fond au contexte et qui «laisse voir» l’intérieur d’un monde transparent, créant une ambiance d’intimité et de fragilité. Dans son texte portant sur le travail de cette artiste, l’auteure Marie-Hélène Leblanc donne le nom de Maison-mère à cette impression d’élan maternel qui fait partie de la réflexion de l’artiste et de sa quête. Pour clore ce bulletin, on peut voir se dessiner l’univers onirique de l’artiste Stefane Perraud qui travaille sur l’idée de la fragilité humaine. Le texte d’Eli Commins exprime bien l’ambiance dans laquelle nous plonge l’artiste qui tire son inspiration du livre de Didi-Huberman La survivance des lucioles. L’artiste nous invite à l’observation d’un monde nocturne en déployant dans l’espace une sculpture lumineuse représentant une nuée de lucioles, dont les illuminations invoquent pour lui l’ensemble d’un groupe social avec ses espoirs, sa fragilité.

Geneviève Gasse
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